Le carnet du CFC

La sauvegarde d'une 030T

ROMAN EN TROIS EPISODES, par Michel DUBUIS.

Le Rêve

Si certains passionnés de la "chose ferroviaire" voient l'accomplissement de leur passion par la possession légitime d'un "instrument" ou "outil" du Rail (ce qui devient hélas quasiment impossible de nos jours pour le matériel ancien), il faut dire qu'une fois le rêve réalisé, l'amateur prend souvent le chemin de la désillusion, voire celui de l'épopée, avec son cortège d'aléas et de situations plus ou moins rocambolesques qui n'incitent pas toujours à la joie. Le chemin de la restauration est ardu depuis la récupération au prix de la "casse" jusqu'au jour du grattage de l'allumette pour la première mise en chauffe et les premiers tours de roue.

Parmi toutes les motivations qui ont déterminé ma passion du Rail, les années ont décanté doucement la multitude des pôles d'intérêt (et il y en a beaucoup dans ce domaine) pour faire pencher le choix ultime du côté sensible pour la voie étroite. Comment l'expliquer ? Bien difficile. Sans doute la mémoire de chacun n'est-elle pas indifférente à certaines images gravées dès l'enfance ou l'adolescence. Les "chromosomes-mémoire" y sont-ils pour quelque chose ? Avais-je un arrière grand-père mécanicien ou chauffeur sur un réseau CFD ?
Ou bien sur le PITHIVIERS-TOURY ? Allez savoir  !

Ai-je gardé la vision fumeuse des premiers voyages d'enfance où prendre le train de nuit dans les années 30, même pour se rendre en Bretagne, était une véritable Aventure noyée dans la fumée, la vapeur, les sifflets, les chaos du confort tout relatif de la 3ème classe; les attentes à 4 heures du matin sur un quai de St. BRIEUC Central pour la correspondance du "Tacot" qui devait nous emmener pour la première fois au bord de la mer.
TACOT: voici le mot-clé. Tacot, ce petit chemin de fer qui reste à la taille de l'Homme, un super-jouet en somme, qui vous balade par un itinéraire toujours au contact de la vie et de la nature vers une destination inconnue au rythme des fréquents arrêts sympas et des "saucissonnades joyeuses", au contact de personnes inconnues au départ qui deviennent des copains à l'arrivée. Allez trouver ceci de nos jours dans un Corail ou un TGV !

Un chargement périlleux (Origny Ste Benoîte 1970).
( photos Michel Dubuis)
En route pour une autre vie. 
( photos Michel Dubuis)

Bref, enjambons les états d'âme, et surtout les années pour ainsi nous retrouver au mois de juillet 1970 (21 ans déjà), jour de l'accomplissement de mon r6ve, et de mon entrée dans la désillusion, c'est à dire sur le site de l'usine des Ciments LAFARGE à Origny Ste Benoîte dans la Somme pour prendre possession d'une masse de ferraille de 8,5 tonnes qui était censée se mouvoir par la vapeur, avec pour dénomination: 030 DECAUVILLE pour voie de 60.

Que de travail (La Forêt-le-Bois 1970)
(photos Michel Dubuis)

Fin du rêve et de la première partie...

... à suivre.

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