Le locotracteur Campagne du CFC-2

MAD

Le catalogue " Automobiles sur rails - E. Campagne " de 1914, ne présentait pas ce modèle, mais un modèle plus ancien. Seuls les principaux traits étaient reconnaissables (commande de frein, réservoir, capot, extrémités relevées du châssis, ressorts à lames, toit).


Locotracteur Campagne issu du catalogue. Le prolongement du baldaquin et les montants à l’avant ont été rajoutés à titre d’essai.

A cette époque je venais de changer de profession et je rentrais chez Rhône-Poulenc avec comme outil de travail et fidèle compagnon un micro ordinateur sur lequel je pouvais dessiner. C’est au bureau que j’ai carrossé en partie mon locotracteur.

Ne pouvant lui redonner son aspect d’origine, seule une figure libre était réalisable sans aucun rapport avec la réalité. Les idées directrices qui guidèrent mon choix étaient :

- garder les caractéristiques " Campagne "

- intégration au gabarit du CFC (1,80 m de largeur) - attelage compatible - pouvant transporter plusieurs personnes - un brin d’originalité dans l’aspect... ...alors j’ai dessiné ceci

C’était jouable, avec un petit air draisine. Ce qui n’infirmait pas l’esprit de E. Campagne car une grande partie du matériel qu’il proposait à travers son catalogue concernait précisément les draisines.

Sur mes dessins, les dimensions étaient mentionnées, je n’avais plus qu’à commander les tôles pour passer à la construction. Nous étions en Janvier 1988. 

La nouvelle conception impliquait une reconstruction du support du réservoir de fuel qui aujourd’hui est sous le capot mais qui à l’origine était un élément inscrit entre le capot et la cabine. Ce support joue également le rôle de point d’ancrage de la cabine.

En fait de la superstructure, je n’ai gardé que les volets et les cornières courbées du capot

Le premier travail était d’élargir l’ensemble du châssis pour l’étendre au gabarit CFC. Pour ce faire, j’ai pris appui sur les bords du châssis et une série de triangulations en UPN reposant sur le bas du châssis supporte la plate forme sur l’ensemble de la longueur. A chaque extrémité des tôles ferment la plate-forme en la rigidifiant. 


Le plancher est posé et l’élévation de la cabine prend forme. Un marchepied sur toute la longueur permettra un accès facile dans la cabine et sur les parties latérales.

Les tôles qui forment l’élévation de la cabine ont été vissées sur des cornières, elles-mêmes vissées sur le châssis. Le bord haut a été reconstruit à partir des UPN d’origine rallongés et les mains courantes ont été réutilisées telles quelles.


Le Campagne et la 030T côte à côte devant le dépôt. Au centre de profil Guy Pérève. Noter la fumée qui sort du tuyau d’échappement.

En Avril, j’ai reconstruit le capot à partir des cornières d’origine. La difficulté a été au niveau des courbures car un peu au-delà sur la face avant, un découpage permettant l’aération du moteur a rendu fragile le pliage de la tôle. Celle-ci a eu du mal à conserver son parallélisme, d’ailleurs le capot est toujours un peu de guingois. Il est simplement posé sur le châssis et maintenu par des taquets.


Pas encore terminé en cet hiver 87/88, mais déjà affecté aux manoeuvres. Jean Bernard Mervaux charge les bidons d’huile sur le wagonnet pour aller graisser les aiguilles en ligne.


Phase suivante, l’amorce du capot. Ici photographié au terminus " Passage de Verdure ". Noter la plaque tournante à gauche.


Avec Gilbert et Bernard Boileau sur la passerelle en cet hiver 87/88. Le châssis n’est pas encore peint. Vue nos positions respectives, on doit refouler.

En Juin j’attaquais le baldaquin. Alors pourquoi un baldaquin ? Eh bien parce que dans le catalogue Campagne que je possède, sont présentées essentiellement des draisines. Campagne était spécialisé dans la construction de draisines variées (inspection, travaux, à moteur ou sans, etc.) et une des caractéristiques de ces draisines est qu’elles ont un baldaquin qui leur donne un aspect bien reconnaissable. Il faut dire que Campagne à la différence des autres concurrents de l’époque s’était spécialisé dans les " Automobiles sur rails ".


Draisine Campagne avec baldaquin n° 40 bis catalogue de 1914.

Ne pouvant être d’un seul tenant, le baldaquin est formé de trois tôles vissées les unes aux autres par recouvrement. On a utilisé cette technique pour la toiture de la deuxième voiture fermée.

Pour monter les tôles de 24 Kg sur la structure du toit, je me suis aidé du grand établi en bois qui était près de l’actuelle voie 9. Des tréteaux montés sur l’établi, puis des planches posées entre ces tréteaux et le montant du toit m’ont permis sans trop d’effort de faire riper les tôles à bonne hauteur.

En ce mois de Juin 88, j’ai passé plus d’une douzaine de soirées au dépôt, travaillant parfois jusqu’à deux heures du matin pour que le locotracteur soit fini avant l’été. Le dernier travail ayant été la pose des marchepieds en bois. Deux planches d’un seul tenant m’ont été gracieusement données par un entrepreneur qui travaillait sur le parc. Je n’ai eu qu’à les percer pour les mettre en place et en Juillet avant mon départ en vacances, le Campagne était achevé. Enfin presque car il y a encore aujourd’hui des choses qui n’ont jamais été terminées (l’éclairage).

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