Le carnet du Chemin de Fer des Chanteraines

La magie de la vapeur, ou « Franziska » revue par « Splendini »
"Un compte de fée devient réalité"

Volkmar Meïer

   

Depuis pas mal de temps je tourne en rond avec mon petit locotracteur bleu, sur mes voies de 7 pouces et quart. Je tourne pour le Chemin de Fer des Chanteraines aux journées portes ouvertes, pour des écoles, des expositions de modélisme, pour la paix de mon âme dans l’église du coin et pour mon plaisir immédiat dans mon jardin. Mais il manquait bien quelque chose. Ça manquait d’odeur de fumée et de graisse chaude. 

Alors depuis deux ans, je travaille discrètement afin de remédier à cette lacune. Je construis ma propre locomotive à vapeur. Je la monte plutôt, car n’étant pas un grand as de la mécanique, j’achète des pièces usinées auprès de M. Bernd Thul (Feld-und Werksbahnmuseum)à Mönchengladbach en Allemagne. 
M Thul, qui était venu au Chemin de Fer des Chanteraines en septembre dernier, est mon fournisseur habituel depuis 10 ans. 
Ses pièces sont plutôt bien faites, leur prix est plutôt raisonnable. En plus M. Thul supporte sans sourciller mes demandes de faire sur mesure ici et là. Sa locomotive vapeur au nom de code « Franziska » est un modèle éprouvé, vendu en kit et produit à une dizaine d’exemplaires, donc idéal pour un cheminot du week-end comme moi. Contrairement à mon locotracteur Deutz OMZ122F qui sort également des ateliers Thul, la vapeur est du type « free-lance », et non pas un modèle réduit. Mais ça m’importe peu, pour des raisons que je vais préciser plus tard…
La livraison et le montage du kit a pris du temps. La chaudière se laissait attendre, elle a été fabriquée selon les dessins de M. Thul par « Swindon Copper Boilers » en Angleterre. Comme le nom du fabriquant l’indique, la chaudière est tout en cuivre et elle m’a coûté quelques pièces jaunes. En déplaise à certains, je n’aime pas les chaudières inox et je reste fidèle aux deux matériaux traditionnels : acier tendre ou cuivre. En novembre, c’était le grand moment. D’abord le test à l’air comprimé, la machine roulait du premier coup ! Ensuite, la première chauffe, aussi impressionnante. Un grand moment de bonheur.

Il faut dire que la petite dame a quand même atteint une certaine taille, je vous fournis quelques mensurations :

Type : 020
Echelle supposée : 1/3,3
Empattement : 360 mm
Longueur châssis : 1040 mm
Largeur : 550 mm
Hauteur max : 920 mm
Diamètre roues : 150 mm
Distribution : Waelschaerts
Diamètre: des cylindres : 55 mm

Chaudière :
Diamètre ext. 230 mm
Volume total : 22 litres
Vol. d’eau : ca. 17 litres
Pression : 8 bars

Actuellement, la locomotive est bien fonctionnelle, mais elle n’a pas de cabine et fait penser un peu à la « Bouillotte » du temps où elle était encore un cabriolet. Je n’ai pas commandé à M. Thul les pièces du kit correspondant à la cabine standard et aux réservoirs latéraux. Ma locomotive ne ressemblera donc pas au type « Franziska » qui circulait sous le nom de « Gertrud » en septembre pendant les journées du patrimoine sur mon circuit au Chemin de Fer des Chanteraines, même si elle est techniquement quasi identique. C’est bien beau de monter un kit, mais ça me donne toujours l’envie de le modifier. Initialement, j’avais prévu de doter ma locomotive d’une cabine semi-fermée de type tramway. A la différence du modèle standard des ateliers Thul, ma locomotive « customisée » dispose d’un petit réservoir d’eau dans le châssis entre les essieux et d’une plaque de base strictement rectangulaire. 

Ce projet de loco tramway est toujours en cours, mais je l’ai un peu modifié. Ma locomotive sera en fait modifiable et modulable selon l’envie. Il y a aura d’un côté la machine à vapeur proprement dite, avec tous les instruments de commande et de sécurité. Cette machine, je peux l’habiller avec différentes cabines, soutes d’eau et attributs. Moyennant quelques coups de clé et de tournevis, je pourrais la transformer en loco tender classique avec réservoirs latéraux, ou en locomotive avec tender séparé. Je pourrai appliquer un « look » plus français ou germanique, mais aussi américain, indien, voir népalais. 

J’ai choisi le nom de code « Splendini » pour cette construction que je pense géniale. « Splendini » est un magicien tricard et névrosé dans le dernier film de Woody Allen (« Scoop »), joué par le réalisateur lui-même. Ce principe de construction modulable, s’il fonctionne, doit me protéger contre les humeurs et les névroses du mécanicien-modéliste qui veut toujours autre chose et qui n’est jamais content de ce qu’il a. 

Maintenant, les compteurs de rivets ont parfaitement le droit de se détourner avec horreur. Ce n’est plus du modélisme, mais plutôt un décor de théâtre à vapeur vive que je construis. Mais je le fais comme ça, I did dit my way… 


Feld- und Werksbahnmuseum Oekoven e.V
.

Page precedente