Le chemin de fer et la litterature

La soie et la montagne

Michel Jeury



Ce livre traite du développement de l'industrie de la soie à Lyon dans le milieu des canuts et des soyeux au 19ème siècle. A cette époque les bourgeois commençaient à se déplacer pour le commerce et les affaires. C'est aussi le développement du chemin de fer qui fait l'objet de nombreux investissements.

La magie du chemin de fer Lyon-Paris 1855.

Tout le monde le disait : on vivait les derniers temps des diligences ; l'ouverture de la ligne de chemin de fer de Lyon à Avignon, remise de mois en mois, se ferait sans doute cette année, et on pourrait bientôt aller de Paris à Marseille par le train. Je lus même que la Malle des Indes passerait par Lyon ; des locomotives tiraient leurs voitures à 70 kilomètres à l'heure, on annonçait des machines qui atteindraient 120 kilomètres à l'heure... Déjà, de nombreux relais de poste étaient fermés et les postillons obligés de changer de métier. De même, presque tous les bateaux avaient une chaudière et crachaient la fumée au dessus des eaux.
Pierre m'avait dit : " Si tu ne te hâtes pas d'aller à la mer, tu ne verras jamais un voilier, tu ne pourras pas raconter à tes petits-enfants de quoi avaient l'air les anciens bateaux, car dans vingt ans la dernière voile aura disparu !"
Entre Lyon et Paris, la ligne n'était pas encore tout à fait terminée ; elle le serait avant la fin de cette année 1855, disait-on, on pouvait déjà faire le trajet en un jour et une nuit, y compris un parcours en diligence, dans de longues voitures spacieuses, entièrement fermées et percées de fenêtres... Mais il était recommandé de ne pas coincer sa crinoline dans une portière comme cela s'était produit un jour à Paris provoquant un retard d'une demi-heure au train de Rouen !
Je finis par persuader Brunette de m'accompagner. Emile se chargea de nos billets et nous prit une "berline", c'est à dire une voiture de première classe : il n'y en avait souvent qu'une par train et elle était parfois à moitié vide, car les gens de la haute société boudaient encore le chemin de fer. Mais quel bonheur d'échapper à la pluie, à la neige, au vent pendant tout le voyage et d'avoir toujours les pieds chauds grâce aux bouillottes que les employés nous fournissaient et renouvelaient à chaque gare !

La soie et la montagne
Michel Jeury
Robert Laffont juin 2000
tome 2 ch 29.

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