Le carnet du CFC

La sauvegarde d'une 030T

La Résurrection

Michel DUBUIS

Si vous vous souvenez, après un départ mouvementé d'Origny, la 030 était acheminée en banlieue parisienne, pour être garée dans la propriété d'un collectionneur de matériel en voie de 60. Elle allait y rester en dépôt de juillet 1970 à mars 1978.
Huit années occupées, au fur et à mesure du temps disponible, à une remise en état laborieuse avec des moyens souvent peu appropriés. Heureusement, l'enthousiasme, renforcé par l'aide précieuse de quelques amis dévoués et compétents ont maintenu un tonus quelquefois défaillant.
Sans énumérer tous les travaux entrepris, disons que les tâches essentielles étaient :

A noter que ces travaux ont nécessité la remise en dessin coté: cette tâche incombait à mon ami Jean AMELAINE, alors Inspecteur Honoraire de la SNCF et grand spécialiste des l4lR. TI avait concrétisé sa passion pour la vapeur en réalisant à l'échelle l/l7ème une 242 A 1 à vapeur vive, aujourd'hui propriété (don) de La Vie du Rail, laquelle fit preuve d'une exceptionnelle robustesse en fonctionnant longtemps dans un état d'abandon complet de l'entretien mécanique.
Arrivé à ce stade du chantier, nous ne savions toujours pas quel était l'état général de la chaudière! Toutefois, la découverte d'un foyer et de plaques tubulaires en cuivre forgé ainsi qu'un retubage cuivre effectué trois ans avant arrêt de la machine laissaient présager d'une suite sans trop de problèmes aux dires des experts sur le terrain.
Et les travaux continuèrent : reconstruction totale du système de freinage, démonté on n'a jamais su pourquoi, avec recours au forgeron de mon pays pour réaliser les deux étriers de serrage (il n'y a plus de forgeron dans mon pays, ni ailleurs, le "progrès" va vite...)

Il y a des oublis, fatalement, mais de semaine en semaine la machine commençait à prendre une autre allure et l'espoir renaissait en voyant l'engin avec ses roues "neuves", sa couche d'antirouille annonciatrice de la livrée définitive.
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 Evry la 030 en levage fa bord" M. Jean AMELAINE)

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Depuis quelques mois déjà se faisait jour le projet de création d'un réseau en voie de 60 dans la banlieue sud de Paris. Lorsque ce projet devint réalité, j'appris que ce réseau serait installé sur la commune d'Evry, dans le parc de détente dit "de St. Eutrope". Naissait ainsi le Chemin de fer de St. Eutrope, dont M. J.Y. GUILLEMGNT était l'instigateur et le concessionnaire.
La "voie" était toute tracée pour la 030. Ainsi, début mars 1978, avec sa robe bordeaux, elle prenait la direction d'Evry. Le 22 mars 1978 elle recevait le poinçon Denis Papin après une épreuve à 14,6 bars (en réalité 20 bars) en présence du Service des Mines et de l'inspecteur APA VE. Conclusion: bonne pour la remise en service!
Le premier allumage eut lieu devant le dépôt neuf de St. Eutrope le samedi suivant: la 030 effectua doucement son premier kilomètre, c'était chouette pour tout le monde. Malheureusement, un joint au niveau d'eau lâcha brutalement (c'était certainement le seul qui n'avait pas été changé) et il fallut jeter le feu. Qu'importe, la partie était gagnée! ,
La petite "Decau" d'Origny, après sept années de soins, laissait son spectre d'épave. Une seconde jeunesse allait la faire "pédaler" environ 600 km sans trop de problèmes jusqu'à sa venue au Chemin de fer des Chanteraines où depuis quatre ans déjà (avec une re-épreuve décennale) elle "roule" des jours heureux.

Les premiers tours de roue de la 030 à St Eutrope.

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