L'Association

Ah ! La belle journée que voilà
Le petit train des Chanteraines est passé par là

récit de Jean-Pierre SCHMIT illustrations de H. SIMONI

Pouvant exceptionnellement me libérer ce dimanche 21 avril, je suis allé prendre ma dose de "drogue ferroviphile" au Parc des Chanteraines.
Le matin, la routine. Mais au dépôt, la routine, c'est l'imprévu dans les tâches : déplacement des "plats" Decauville garés à Gennevilliers-RER et mise en place de ces wagons sur la raquette autour de la colline afin de permettre le nettoyage de la gare terminus. Donc de bonne heure (pas au lever du jour, un peu plus tard...), juchés, Marc et moi, sur le Campagne, nous partons sur la 4ème tranche. Un véritable plaisir par ce beau jour de printemps (c'est le printemps ? Ah bon...). En deux voyages, le Campagne remplit gaillardement sa mission, tout est en place et nous rentrons au dépôt rejoindre les amis. Au milieu d'un nuage de fumée fort sympathique, émergeant de temps à autre, une burette ou une clé à molette à la main, Guy et Michel Juishomme s'affairent sur la 020 afin de la préparer à sa première sortie de la saison. Pas de problème, pas de fuite, à voir la mine réjouie des deux compères. La pression monte au sens propre comme au figuré...

La 020T Decauville avec deux baladeuses. cette image a fait l'objet d'une affiche dessinée par M. H Simoni et diffusée dans les années 90.
MAD est au manche;

Toujours avec Marc, je reprends la finition de la baignoire n°3. Il ronchonne : il a faim. 
Pas besoin de regarder la pendule, il est Il heures 45 ! C'est un des rituels du dépôt. Nous préparons les derniers éléments pour la soudure. Tiens, où est passé Marc ? Il est auprès des vaporistes pour les décider à passer à table, n'ayant pas eu de succès avec moi. Etant en minorité, nous nous retrouvons autour de la table pour le "festin" expédié en une demi-heure. Pour faciliter la digestion, nous reprenons illico nos tâches.
Le dépôt s'anime avec l'arrivée des camarades qui vont se charger de l'exploitation. Quelqu'un prenant ma place, je peux me dégager de la construction pour effectuer ma première conduite sur un Socofer en exploitation, sous la surveillance de Daniel qui va me servir d'instructeur.

Un locotracteur Socofer fétiche du CFC au début de l'exploitation en 1981 et maintes fois représenté.

Sortie du tracteur, aiguilles, mise en tête devant les baladeuses et attelage, nous voici fin prêts pour ma première sortie.

Ah ! ça se complique : le responsable d' exploitation Eric nous annonce que nous allons tourner avec deux trains dont un vapeur.
La 020 est en effet parée pour effectuer sa première marche de la saison. Le chef de train Christophe donne le signal de départ pour La Ferme (départ à vide).
Démarrage sous l' oeil critique de mon instructeur. Drôle d'impression de voir ce long serpent qui vous colle aux fesses. Coups d'avertisseur aux traversées difficiles et nous arrivons à la station. Ouf! pas de problème jusque là.
Des voyageurs montent, re-départ pour Pompidou. Daniel vérifie l'heure sur l'horaire affiché en cabine. Angoisse : montera, montera pas sur la passerelle ? Surprise, le tracteur se met tout seul en surpuissance... Le rail chante, arrivée en souplesse. Montée des voyageurs, et c'est reparti. Coups d'oeil sur la voie, pas d'obstacle et nous arrivons au Pont d'Epinay. Aiguillages, remise en tête du tracteur, attelage, c'est bon! Deux coups de signal, un coup d'avertisseur, on repart. "Nous sommes dans l'horaire" me dit Daniel. Arrêt à Pompidou pour le croisement avec le train vapeur. Ah, celui-là, c'est la vedette : halètements, panaches de fumée au-dessus de la futaie, chant du rail fêtant son passage, et le voilà ce monstre mythologique environné de vapeur... Du calme, du calme, ce n'est qu' un "tacot". Arrêt du convoi vapeur. Nous, vexés par ce "machin" qui joue les super-vedettes, nous repartons.

Le train entre l'aiguille du dépôt et le Ferme, longe le lac. une image bucolique qui représente bien les Chanteraines et ses plans d'eau.

Montée vers La Ferme, angoisse: pas de surpuissance. Où est-elle passée, celle-là ? Est-elle restée sur le quai draguer avec la vapeur ?
Heureusement Daniel est là : il m'indique comment la donner.
Cramponné sur le levier à deux mains, nous passons

Nous sommes quand même heureux d'avoir localisé la panne. De longs moments plus tard, le deuxième Socofer rentre avec la rame abandonnée par la 020, après avoir tiré, poussé, manoeuvré.... Garage final pour tout le matériel.
C'est avec joie que j'ai constaté la cohésion de l'équipe: aucune défection. Tout le monde est resté pour attendre les derniers. Je commence à avoir un petit creux (est-ce Marc qui déteint sur moi ?). Regard furtif sur ma montre: il est 19 heures 30.
Après avoir "changé de peau" afin d'être plus présentables, nous fermons le dépôt et chacun regagne son domicile.

Une nouvelle venue : la 030T Decauville qui vient épauler la 020T.
Au manche Michel Dubuis

Ah ! La belle journée que voilà
Le petit train des Chanteraines est passé par là

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